Augusto Frederico SCHMIDT

Augusto Frederico SCHMIDT



Augusto Frederico Schmidt (Rio de Janeiro, RJ, 1906 - 1965) est le petit-fils du vicomte de Schmidt, qui avait amassé une immense fortune avec une société d’import-export. Il étudie en Suisse de 8 à 10 ans, jusqu’à la mort de son père et le retour consécutif de sa famille au Brésil. À 14 ans, il commence à travailler comme assistant-comptable et publie ses premiers vers dans un journal du quartier de Copacabana intitulé O Beira-Mar. Licencié, il obtient un poste de voyageur de commerce à São Paulo, où il fait la connaissance de Mário de Andrade, Oswald de Andrade et Plínio Salgado.

En 1928, il retourne à Rio de Janeiro, en qualité de gérant d’un magasin de serrurerie, et publie son premier livre de poésie, Canto do Brasileiro, « Chant du Brésilien ». En 1929, deux livres le consacrent en tant que poète : Canto do Liberto, « Chant de l’Affranchi » et Navio perdido, « Navire perdu ». Il collabore à des journaux de Rio et adhère au « groupe catholique Carioca », qui réunit des intellectuels catholiques comme Vinícius de Moraes, Murilo Mendes, Cecília Meireles et Jorge de Lima. Schmidt fonde en 1930 la Librairie Catholique de Rio de Janeiro, qui devient en 1931 la Livraria Schmidt Editora, point de rencontre des intellectuels modernistes de l’époque et qui est à l’origine du lancement d’ouvrages importants. Elle publiera en particulier Caetés de Graciliano Ramos, Casa Grande & Senzala de Gilberto Freire, O País do Carnaval de Jorge Amado et João Miguel de Rachel de Queiroz. Il se refuse toutefois à militer au sein de l’Ação Integralista Brasileira, « Action Intégraliste Brésilienne », créé en 1932 par Plínio Salgado.

En 1934, Schmidt épouse Ieda Ovalle Lemos, nièce du poète et compositeur Jaime Ovalle, et lui dédie Canto da noite, « Chant nocturne ». Il fonde la même année sa première entreprise florissante : Metrópole Seguros. En 1940, il revient à la poésie avec A estrela solitária, « L’étoile solitaire ». Il participe en 1945, à São Paulo, au premier Congrès de l’Association Brésilienne des Écrivains qui manifeste son opposition à la dictature de l’Estado Novo. En 1952, Schmidt crée le premier supermarché à Rio de Janeiro, Disco. Ami personnel du Président de la République Juscelino Kubitschek (1902-1976), il est nommé Conseiller spécial de la Présidence de la République pour les affaires internationales, avant d’être envoyé comme ambassadeur du Brésil auprès de l’ONU, puis de la Communauté Économique Européenne. Schmidt s’oppose au gouvernement progressiste de João Goulart et appuie le coup d’État de 1964. Il meurt d’une crise cardiaque l’année suivante.

La poésie d’Augusto Frederico Schmidt réunit la simplicité moderne et la chaleur de l’émotion romantique. Elle utilise à profusion les images-symboles de la tradition lyrique comme la mer, la nuit, l’oiseau, la fleur. Elle s’oppose au ton dialectal, au pittoresque et à l’anecdote, proposés par les modernistes. Dans sa poésie religieuse d’inspiration biblique, influencée par Paul Claudel, les thèmes prédominants sont l’amour, la mort, la solitude, l’angoisse et l’évasion. Son écriture se caractérise par un rythme lent et solennel, un ton déclamatoire, proche du prophétique, des vers longs, libres, chargés de répétitions, une utilisation exhaustive de la répétition des sons, des mots et expressions, et l’utilisation constante de l’allitération, l’assonance et la répétition des mots et des phrases.

Oleg ALMEIDA et Philippe MONNEVEUX

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
DOSSIER : La poésie brésilienne, des modernistes à nos jours n° 49